Rigzin Terdag Lingpa fut l’émanation de la parole du grand traducteur Vairocana. A la requête des dakinis, le corps de sa sagesse immaculée prit la forme du Hérouka et de Terdag Lingpa. Il naquit au milieu d’arc-en-ciel et de merveilleux et nombreux signes auspicieux, le Lundi, 26 mars 1646, (le dixième jour du second mois de l’année du chien de feu).
Sa mère fut Youm Lhadzin Yangchen Drolma, qui était elle-même une descendante directe de la Dynastie des Tcheugyal des grands Rois Songtsen Gampo et Trisong Déoutsen.
Son père, Sangdak Thrinlé Lhundroub, fut la réincarnation de Noubchen Sangyé Yéshé, l’un des vingt-cinq disciples de Gourou Padmasambhava. Sangdak Thrinlé Lhundroub naquit à Tchak Djangchoub Ling en 1611 (année femelle du cochon de fer), il était le fils de Khédroub Deun-Nga Tendzin, un maître érudit et réalisé du clan des Nyeu. Sangdak Thrinlé Lhundroub fut un érudit et un enseignant de renom qui étudia auprès de plus de 30 maîtres hautement accomplis en leur temps. Ainsi, il conféra au corps, à la parole et à l’esprit de son suprême fils spirituel, le grand découvreur de trésors Tcheugyal Terdag lingpa Rigdzin Gyourmé Dorjé, ces vastes et profonds enseignements.
Les études de Terdag lingpa concernant des transmissions de la doctrine furent infinies. Comme il est écrit dans le Nyingma Tcheu-Djoung (histoire) écrit par Sa Sainteté Dudjom Rinpoché :
« Il serait même difficile de comprendre pleinement les titres des textes qu’il étudia et réalisa, mais cela inclus tous les préceptes transmis dans la lignée Nyingma incluant les trésors bien connus comme :
Le Soutra qui Rassemble Toutes les Intentions, Le Filet Magique, Les Trois Samayoga et Les Cycles de Yangdag Hérouka, Vajrakilaya et Yamantaka. Les grands maîtres accomplis de l’Inde et du Tibet comme Padmasambhava, Vimalamitra, Houmkara, Bouddhagouhaya, Vairocana, Yéshé Tsogyal, Nyangral Nyima Euzer et l’omniscient Longchenpa, apparurent sous la forme de leur Suprême Sagesse, formant des émanations de mandalas et donnèrent à Terdag Lingpa les pleins pouvoirs dans les transmissions des instructions et des trésors. Ces transmissions furent illustrées plus tard par ses propres trésors – enseignements et commentaires – en plus des instructions essentielles du profond chemin. Il vit et fut initié par de nombreuses déités de méditation comme Vajrakoumara, Vajrasattva, Yangdak Hérouka, le Grand Compassionné, les déités paisibles et courroucées et Vajra Yogini. Tcheugyal Terdag Lingpa conserva et enseigna les précieux enseignements pour le bien de tous les êtres et symbolise la personnification des trois vérités indestructibles de tous les Bouddhas. »
Terdag Lingpa fut un grand Terteun ou découvreur de « trésors » (terma).
A l’âge de dix huit ans, il découvrit le terma du Détenteur de la Sagesse de la Spiritualité la plus profonde (rig ‘dzin thougs-thigs), à Yamaloung, le Vendredi 15 Juin 1663 (le dixième jour du 5ème mois de l’année femelle du Lièvre d’eau).
A l’âge de vingt-deux ans, il découvrit le terma de Yamantaka, Le Destructeur de L’arrogance (gshin-rjé dregs joms), à Sheldrag, le Samedi, 24 Septembre 1667 (le 8ème jour du mois de khroums de l’année du mouton de feu).
A l’âge de trente et un ans, il découvrit le terma du Gourou Courroucé (gourou grag-po) et le cycle de l’Atiyoga et de Vajrasattva (rdor sems ati skor) à Eukar Drak, le samedi, 19 Décembre 1676 (le 15ème jour du mois du tigre de l’année du dragon de feu).
A l’âge de trente-cinq ans, il découvrit le terma du Cycle Doctrinal du Grand Compassionné, appelé Le Rassemblement Universel des Sougatas (thougs-rjé tchenpo bdé gshegs kun-dus kyi tchos skor) en public à Shawouk Tago, le Vendredi 23 août 1680 (le 29ème jour du 6ème mois de l’année du singe de feu).
Terdag Lingpa transmis les précieux enseignements à de nombreux étudiants fortunés rassemblés autour du maître suprême, buvant le nectar de sa parole. Parmi les plus proches de ses étudiants personnels, il y eut le suprême vainqueur, le précieux Cinquième Dalaï Lama avec lequel il partagea une relation de protecteur-mécène.
De nombreux autres maîtres renommés de cette époque le considéraient comme leur maître : Sangyé Gyatso, le régent du Grand Cinquième Dalaï Lama, Rigdzin Péma Thrinlé de Dorjé Drak, Sakya Tridzin Kunga Tashi, le Chabdroung (ainsi que son successeur et les autres personnages à Tséthang et Neudong), le Gyaltsab de Tsourphou, Tréhor Tchoktrul, Drikoung Kunchog Thrinlé Zangpo, Takloungpa Tendzin Sichi Namgyal, Droukpa Paksam Wangpo, Gampo Tchoktrul Zangpo Dorjé, Tchamdo Gyalwa Phagpa Lha, Ngawang tcheukyi Tulkou, Ngawang Kunga Tendzin du Dokham, Khatog Gyalsé Sonam Detsen, le second Dzogchen Péma Rigdzin Gyourmé Thegchog Tendzin.
Parmi les célèbres grands maîtres de l’époque, il semble n’y en avoir aucun qui ne l’ai pas supplié.
Connu comme étant l’un des plus grands Terteuns du Tibet, ce grand découvreur de trésors travailla sans répit afin de préserver et de propager le dharma dans tout le Tibet. Il établi le Monastère Og Min Ogyen Mindrolling en 1676, assurant la continuité et la préservation des profonds enseignements Nyingma.
De nombreux précieux enseignements, sur le point d’être perdus, furent compilés et restaurés sous sa direction. Il fut l’auteur d’un magnifique traité, le Terchen Kaboum (œuvres complètes), contenant les exposés des différentes branches d’études du Bouddhisme Tibétain en seize volumes. Terdag Lingpa compila également des textes comme le bDud ‘joms Bhum Zang, une collection d’initiations variées sur lequel le Grand Terdzeu fut ultérieurement basé.
Il conféra ces précieux enseignements à son jeune frère, Lochen Dharmashri, émanation du grand traducteur Youdrak Nyingpo, qui les donna à son tour à Gyalsé Drinchen Rinchen Namgyal, émanation de Vimalamitra.
Le disciple principal de Tcheugyal Terdag Lingpa fut son jeune frère, le grand Lochen Dharmashri, soleil des enseignements, né en 1654 (l’année mâle du cheval de bois). Il fut renommé dans tout le Tibet comme l’un des représentants les plus érudits de l’histoire du Bouddhisme.
Lochen Dharmashri fut l’auteur de l’un des plus fameux traité de l’Ecole Nyingma, le Lochen Kaboum.
Les vingt volumes de ses œuvres complètes commencent avec ses écrits sans précédents sur le sens intentionnel des Soutras Qui Rassemblent Toutes Les Intentions (Dupa mdo) et du Filet Magique (Gyutrul Drawa), sous la forme des grands exposés de commentaires. Ces commentaires sur le Tantra du Gouhyagarbha – le Sangdag Gongdjen et le Sangdag Chaloung – sont célèbres pour leur clarté et leur éloquence.
Comme il est écrit dans le Nyingma tcheu-djoung de Sa sainteté Dudjom Rinpoché :
« De ces deux, maître et disciple (Terdag Lingpa et Lochen Dharmashri), la lignée se divisa en différents courants, se propageant jusqu’aux monastères de Kathog, Palyul, Sétchen et Dzogchen, du Kham à Gyelmorong et du lointain Est à la région Golok de l’Amdo. »
Le conseil de Tcheugyal Terdag Lingpa pour ses disciples et descendants était de travailler continuellement à la préservation et la propagation du précieux Dharma. Etant l’un des plus grand visionnaires du Tibet, il ordonna à ses descendants de rester loin des intrigues et des actions contraires au Dharma. Les disciples de sa lignée durent maintenir un profile bas et vivre comme de vrais pratiquants.
Sa directive était que le monastère principal de Mindrolling devait préserver la pureté de ses enseignements et briller comme un exemple et une référence pour la tradition Nyingma en ce qui concerne l’ensemble des liturgies et des rituels sacrés, des danses des lamas, des dessins de mandalas, des instruments et objets rituels, ainsi que pour d’autres points subtils de la doctrine et de la discipline. Il conseilla à ses disciples de ne pas avoir un nombre de moines trop important dans le monastère, car cela ne permettrait pas aux enseignants de s’occuper de chacun d’eux de manière individuelle. Ainsi, au Tibet, à l’époque où les monastères abritaient des milliers de moines, Mindrolling n’en comptait jamais plus de trois cents.
Conservant à l’esprit sa profonde compréhension de l’essence de la vie spirituelle, le monastère que Terdag Lingpa construisit pour la pratique et l’étude du dharma, demeura caché dans la Vallée de Drachi, sur un site particulièrement bien choisi où la splendeur sereine du monastère ne pouvait être vue qu’en approchant du lieu. C’est ainsi, disait-il, pour que les disciples de la lignée se souviendront comment un pratiquant authentique doit vivre.
C’est ainsi que la contribution envers la préservation et la propagation des précieux enseignements de Tcheugyal Terdag Lingpa s’est succédée à travers les siècles. Comme le cite S.S. Dudjom Rinpoché dans le Nyingma Tcheudjoung :
« Au moment où l’éclaircissement et l’accomplissement du merveilleux héritage de Trisong Déoutsen et des autres grands maîtres des traditions et des transmissions d’enseignements de l’Ecole Nyingma, parmi lesquels se trouve la trilogie du Soutra qui Rassemble Toutes les Intentions, Le Filet magique et la Classification de l’Esprit, furent presque devenus comme une lampe sans huile, Terdag Lingpa, avec un courage infaillible et une grande persévérance, retrouva ces transmissions et ces traditions, et raviva les enseignements depuis leurs fondations avec beaucoup d’efforts et de talents. De ce fait, grâce à la bonté de ce grand Bodhisattva, de ses frères, de ses disciples et de ses descendants, le Sa-nga Nyingmapa ou « Ecole Ancienne du Mantrayana Secret » fut à la hauteur de la signification de son nom et de son originalité et sa lignée continue de se développer, sans déclin jusqu’à ce jour. »
Au matin du 17 Mars 1714 (le deuxième jour du second mois lunaire), Tcheugyal Terdag Lingpa dit, « Je dois faire sept pas vers l’Est ».
Il se leva et ayant fait sept pas, il s’assit par terre, jambes croisées et comme Dernier Testament (‘da ka’i chal tchams), il dit :
« Apparences, sons et conscience sont déités, mantras et sphère du dharmakaya, jeu des kaya et de la sagesse primordiale se déployant sans limites. Dans la pratique du grand yoga profond et secret, puissent-ils être indivisibles saveur unique en l’essence de l’esprit. »
Puis il dit, « Les Dakinis sont venue me chercher », il leva sa main en faisant le geste de jouer du damarou et de la cloche et avec un regard contemplatif, assis en posture de méditation, il passa en paranirvana au milieu de nombreux et merveilleux présages.